La VAE : où en est-on de la réforme ?

La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) est un dispositif clé dans le paysage de la formation et de la certification en France.

Instituée en 2002, elle permet à toute personne, quel que soit son niveau d’études, de faire reconnaître les compétences acquises au cours de son parcours professionnel.

Ce mécanisme offre la possibilité d’obtenir un diplôme, un titre à finalité professionnelle ou un certificat de qualification professionnelle, soit en totalité, soit par blocs de compétences.

Avec la récente réforme de 2022 et la mise en place de la plateforme France VAE, le dispositif connaît une évolution notable, notamment dans le secteur du soin.

Pour les organismes de formation, la VAE peut représenter bien plus qu’un simple dispositif d’accès aux certifications. Il s’agit d’un levier stratégique de diversification, permettant d’accompagner les professionnels dans la validation et la reconnaissance de leurs compétences, tout en renforçant l’attractivité des parcours de formation proposés.

Cependant, la réforme de décembre 2022 et la mise en place de la plateforme France VAE ont redéfini l’écosystème de la VAE, avec un impact direct sur les pratiques des organismes de formation. 

Quels sont les enjeux que ce dispositif représente pour les organismes de formation ? Nous allons analyser ensemble les récents changements dans la VAE, leur impact sur les candidats et les défis à venir.

La VAE, un dispositif en constante évolution – pour le meilleur ou pour le pire ?

La Validation des Acquis de l’Expérience a connu plusieurs modifications depuis sa création, notamment avec la loi de modernisation sociale de 2002, puis avec les réformes de décembre 2022.
À son origine, la VAE avait pour but de rendre accessible la certification à ceux qui ont accumulé des compétences professionnelles sans avoir nécessairement suivi un parcours de formation formel.

En 2022, la loi portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail a apporté des évolutions majeures.
Le processus a été simplifié et modernisé, et un service public dédié à la VAE a vu le jour avec la création de la plateforme France VAE en juillet 2023.
Cette plateforme a été conçue pour centraliser les démarches administratives et faciliter l’accès aux certifications dans le domaine du sanitaire et social, dans un premier temps, avec l’objectif de l’ouvrir à l’ensemble des certifications in fine.
Le candidat, qu’il soit salarié, demandeur d’emploi ou indépendant, peut s’inscrire et bénéficier d’un accompagnement tout au long de son parcours par un architecte de parcours, pilier central de la démarche.
La VAE, avec la réforme de 2022, souhaite davantage s’inscrire comme un pilier dans l’offre de services des organismes de formation –
Loin d’être une concurrence à la formation classique, la VAE vient en complément. Elle donne l’opportunité aux organismes de diversifier leur offre en proposant des services d’accompagnement à la VAE, un segment qui devient stratégique dans un marché de plus en plus compétitif. 

Réalité ou illusion ?

La VAE – vers un rétrécissement du périmètre ?

Depuis juillet 2023, France VAE recensait près de 210 certifications accessibles via le parcours VAE dans des domaines variés, allant de la métallurgie à la grande distribution, en passant par le sport et le secteur sanitaire et social. Cependant, un tournant est survenu en juillet 2024, avec une réduction drastique du périmètre des certifications disponibles.

Aujourd’hui, seules 26 certifications sont proposées, exclusivement dans le domaine du soin.

Cette réduction a suscité de nombreuses interrogations parmi les professionnels et les candidats, surtout que l’expérimentation de cette plateforme devait normalement aboutir à une généralisation du dispositif à toutes les certifications d’ici janvier 2025.

La raison principale derrière cette contraction est le retard dans le déblocage des financements publics. Sans budget adéquat, le ministère du Travail et le haut-commissariat à l’Enseignement et à la formation professionnelle ont dû recentrer les efforts sur les secteurs jugés prioritaires, à savoir le sanitaire et social.

Il est néanmoins prévu que d’ici fin 2024, les parcours déjà engagés ou finalisés soient intégralement financés. Le défi réside maintenant dans la mise en œuvre de la VAE pour d’autres secteurs, en particulier dans un contexte d’économies budgétaires qui rend toute expansion incertain


Pour les organismes intervenant dans des secteurs impactés par cette réduction, cela implique de naviguer entre nouveaux et ancien dispositif.  Un décret est attendu pour clarifier les perspectives d’élargissement du dispositif à d’autres secteurs. Dans cette attente, il est essentiel pour les organismes de formation de rester proactifs, en anticipant les besoins des candidats et en diversifiant leurs sources de revenus. Le secteur du soin, par exemple, reste une opportunité à explorer, en particulier avec le besoin croissant de certification dans ce domaine en raison des pénuries de main-d’œuvre.

La VAE – quelles perspectives ?

La Validation des Acquis de l’Expérience reste un dispositif essentiel pour permettre aux travailleurs de faire reconnaître leurs compétences et de progresser dans leur carrière. Les réformes récentes, bien que restrictives dans leur application actuelle, témoignent de la volonté des pouvoirs publics de moderniser et de simplifier le processus. Toutefois, des incertitudes demeurent quant à l’extension du dispositif à d’autres secteurs, notamment en raison des contraintes budgétaires.


Il est impératif que le gouvernement précise rapidement les nouvelles modalités de la VAE et son périmètre d’application pour éviter que l’expérimentation ne devienne une impasse. Dans un environnement économique et réglementaire en constante évolution, les organismes de formation ont tout intérêt à anticiper les futures évolutions de la VAE, notamment l’élargissement du périmètre prévu pour janvier 2025. En attendant, le secteur du soin reste une priorité où les organismes peuvent se positionner comme des acteurs incontournables pour soutenir les professionnels dans leur démarche de validation des acquis.

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