Comment articuler les « bonnes pratiques » en matière de handicap au sein de son Organisme de formation ?

Depuis la sortie de la V6 du guide de lecture du référentiel national qualité, et des précisions qu’il apporte, notamment dans les exemples d’éléments de preuve concernant la veille, l’information, l’accueil et le suivi des personnes en situation de handicap, nombreux sont les organismes qui s’interrogent sur « les bonnes pratiques » à privilégier

Alors que la La 24e édition de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées s’est achevée le 22 novembre, et que la journée internationale des personnes handicapés est programmée pour le 03 décembre 2020, les sources d’informations sur le sujet ne manquent pas. Pourtant, de nombreuses questions sur l’articulation de ces informations dans la pratique de la formation perdurent.

C’est pourquoi j’ai eu le plaisir d’interviewer à ce sujet Valérie ALIAGA, conseillère formation au sein de Cap emploi 34 depuis presque 20 ans, pour avoir un regard croisé et des retours d’expériences concrets sur le sujet. Découvrez nos échanges

A l’issue de 2022, tous les organismes concourant au développement de compétences qui bénéficient de fonds mutualisés/publics devront être certifiés Qualiopi® pour continuer d’exercer. Certains indicateurs précisent des modalités d’information et de suivi des personnes en situation de handicap – comment perçois-tu l’impact de ces attendus sur les organismes de formation ?

« Je suis souvent sollicitée par les organismes sur ce sujet ; certains me demandent si j’accepterai d’être citée comme partenaire handicap au sein de leurs réseaux dédiés,  d’autres me demandent des ressources sur le handicap, ou encore des attestations comme quoi ils ont bien été présents sur des évènements spécifiques… Je pense que chacun à sa lecture du référentiel et cherche à davantage formaliser les actions. C’est une démarche intéressante, car c’est le point d’entrée à plus d’échanges entre les acteurs de la formation »

Tu parles de point d’entrée… c’est une « première étape » pour toi ?

« Tout à fait, car plus on se connait, plus on arrive à facilement échanger sur comment on peut faire les choses ensemble. Il n’y a pas de solutions prêtes à l’emploi, ça va dépendre de la formation, de la durée, de la personnalité du stagiaire, de l’équipe pédagogique en place… des solutions il y en a, mais il faut les adapter, et cette adaptation, on y arrive souvent grace à l’échange. Mais j’ai envie de dire que quand on échange sur une situation, c’est qu’elle est connue. L’intérêt d’un réseau handicap dans le temps, c’est aussi de travailler sur le repérage des difficultés d’apprentissage et de se poser la question du « pourquoi »? Est-ce un manque d’investissement ou y-a t-il d’autres raisons ? »

Quelles sont les « bonnes pratiques » que tu souhaites encourager au sein des organismes de formation ?

Selon moi, la première des bonnes pratiques à privilégier, c’est d’informer. Un exemple concret – la signalétique dans les centres, ou dans leurs communications peut faire toute la différence. (ex : vous souhaitez échanger sur votre situation liée au handicap ? Telle personne est à votre écoute »). C’est un premier pas vers le repérage et c’est une action de sensibilisation de tous. Il est important que les centres soient acteur de la démarche, d’aller vers les personnes, d’observer, d’identifier, de se poser des questions sur le comportement et de ne pas attendre uniquement que les personnes se manifestent. Si vous dites, la première journée de formation « si vous avez un problème de santé, venez me voir », seules les personnes qui affirment leur situation seront sensibles au message. Il est important de créer ce lien, ce sas de confiance.

Dans un second temps, une fois le dialogue établi, il y a des multitudes de bonnes pratiques, bien entendu, en fonction des handicaps, qui sont à la portée de tous : une chaise réglable, des supports de formation adapté (surligné, police spécifique etc…) formation des équipes, intervention des acteurs du handicap pour sensibiliser les équipes, les stagiaires… il ne faut pas avoir l’impression qu’un stagiaire en situation de handicap conduit forcément à monter une usine à gaz ; loin de là, une personne qui a un handicap lourd s’informe avant de venir vous rencontrer, et si vous n’êtes pas en mesure de l’accueillir, il est essentiel d’être proactif, de pouvoir réorienter, d’apporter des solutions – d’où l’intérêt du réseau handicap. Nous ne demandons pas à ce que les organismes soient des experts du handicap mais qu’ils nous contactent pour que nous travaillons ensemble afin de trouver des solutions si la situation se présente

De plus, certains dispositifs existent pour faciliter la concertation entre les acteurs. Je pense notamment au dispositif RHF (Ressource handicap Formation), financé par l’AGEFIPH, présent sur l’ensemble des régions, qui vient en soutien des organismes en proposant une démarche de collaboration entre les acteurs du parcours de formation ainsi qu’une professionnalisation à travers les formations de référent handicap »

    Dans le cadre de formation courte, ce temps d’échange et de réparage est forcément réduit ; quels conseils pourrais-tu apporter ?

     

    « L’identification en amont est important, avec la proposition d’aménagement que l’organisme peut réaliser, via un recueil des besoins par exemple. Lors des premières prises de contact, un formulaire ou un questionnement peut aider. A titre d’exemple, vous pouvez demander si la personne rencontre des difficultés à rester en position assise plus de 2 heures consécutives, si votre formation est essentiellement en salle, ou, si elle a besoin d’être installée proche d’une sortie, si elle doit s’absenter de manière régulière pour procéder à des soins etc. Tout dépend de l’organisation du centre de formation et de ses possibilités. L’important est de ne pas stigmatiser, de ne pas créer un climat de suspicions, mais d’intégrer ces questions dans une démarche globale d’identification des besoins.

    Autre conseil : ne pas hésiter à évaluer les techniques de compensation du handicap prises par la personne. Il s’agit de demander quelle place prend le handicap dans sa vie et ce qu’elle a mis en place pour y remédier ? Si le stagiaire est au clair avec ses possibilités et ses limites, il n’y a pas de problème. Par contre, si la personne est en souffrance, c’est à ce moment là qu’il est important de se poser les bonnes questions et d’avoir un réseau efficace. »

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